Manger en Pleine Conscience : Les plaisirs et la Joie

« … la pratique, c’est la pratique du bonheur.

Sans amour, sans liberté, il n’y a pas de bonheur ; il n’y a pas de bonheur sans concentration. Quand vous mangez une orange, essayez de pratiquer la concentration, mangez la de telle manière que le plaisir, la joie et le bonheur soient possibles durant tout ce temps. Appelons ça la méditation de l’orange. Vous posez une orange dans la paume de la main, vous la regardez, la respirez, en sorte qu’elle se révèle à vous comme une merveille. Pour moi, une orange n’est rien de moins qu’une merveille, c’est tout à fait comme vous même qui êtes une merveille de la vie.AVT_Thich-Nhat-Hanh_3998.jpgVous êtes une manifestation devant moi, une merveille. L’orange aussi est une merveille. Si je suis là à 100%, elle se révèle à moi à 100%. En me concentrant sur elle, j’obtiens d’elle une vision plus profonde. Je peux voir les fleurs d’oranger, je peux voir le soleil et la pluie qui sont là, je peux voir le tout petit oranger qui se forme, puis son fruit.

Je peux commencer a peler l’orange avec ma pleine conscience, son odeur, sa présence sont de vrais miracles. Aussi, le bonheur que vous avez en rentrant en contact avec elle peut devenir très très grand. Une orange peut vous donner beaucoup de bonheur quand vous êtes vraiment là, entièrement vivant, entièrement présent et que vous entrez en contact profond avec elle, une des merveilles de la vie qui vous entoure. »  

 Extrait du livre « La vie est un miracle » du maitre Zen Thich Nhat Hanh, lu au cours de l’émission Babel-sur–Seine, sur France Inter avec Céline Tran, ancienne star du X invitée pour une balade au Vietnam. Portrait d’une femme surprenante, et promenade sensorielle au pays de ses ancêtres.

voyage en pleine conscience

Pour info, VOYAGE , Un film sur l’enseignement de Thich Nhat Hanh sort en France au mois de Mai.

 

Ce texte entendu à la radio est une amusante coïncidence au moment même où l’envie d’écrire sur les plaisirs et le bonheur de manger me trottait dans la tête …

 

Il semblerait que nous soyons naturellement programmés pour repérer ce qui cloche et moins doués d’attention pour ce qui va bien. Normal ceci dit ! Dans une logique de préservation de l’espèce, mieux vaut prendre conscience rapidement d’un danger, que de la beauté d’une pâquerette. Et c’est peut être bien pour cela qu’au départ de nos actions, comme celle de se nourrir, il y a la souffrance. On a faim et ça fait un creux désagréable dans le ventre, la gorge qui se serre puis, plus le besoin de manger est fort, plus il se manifeste par des sensations physiques désagréables, tête qui tourne, agitations …

Et vous, quelles sont les sensations corporelles que vous ressentez et qui vous indiquent que vous avez besoin d’énergie ?

C’était quand la dernière fois où vous avez ressenti ces signaux de la faim physiologique ?

Donc au début, il y a la souffrance, qui nous met en marche ! Les bébés pleurent, les chasseurs-cueilleurs aiguisaient leurs harpons, les paysans courbent le dos, les artisans remontent leurs manches, et moi, je rentre des courses chargée comme un baudet, traînant chariot, poussant caddie, chargeant vélo …

Selon les circonstances et notre chemin de vie, la préparation du repas peut être source

ail des ours - mangeren pleine conscience
Ail des ours offert par mon voisin Alain

de plaisir. Je connais le plaisir de m’oublier complètement, laissant mon instinct me guider pour composer un repas où les mets se complèteront selon une magie qui m’est inconsciente, et avec ce même laisser aller, j’associe les épices, les condiments … dans une grande économie de gestes et d’énergie, je cherche, je découvre, parfois je me plante aussi, parfois je m’inspire de plusieurs recettes pour faire la mienne. .. j’explore

Pour cet exercice, le net est une mine d’or, MERCI à tous les contributeurs comme https://www.cuisineaz.com/, http://cuisine.journaldesfemmes.fr/toutes-les-recettes/ http://www.lacuisinedebernard.com/ http://www.lapopottedemanue.com/https://www.papillesetpupilles.fr/ http://www.amandinecooking.com/  et tant d’autres.

Le plaisir de yeux ;

ail des ours pour pistou
Pesto en préparation

Un joli plat et une jolie table invitent la curiosité, ravissent les yeux, nourrissent notre attention de multiples détails, peut être même au delà de la beauté elle-même. J’admire cet art qu’est le dressage d’un plat qui réclame une grande patience, personnellement je passe assez peu de temps à soigner la présentation, mais quelques graines saupoudrées, une petite touche de couleur ici où là font l’affaire en général.

Les plaisirs de la bouche :

C’est comme un feu d’artifice qui aurait débuté par le bouquet final ! Ha ! La première bouchée ! La deuxième est Hummmm …   Oh oui ! la troisième n’est pas mal non plus, mais ce n’est déjà plus tout à fait aussi prégnant … jusqu’au moment où le plaisir n’est plus, signal qu’il est tant d’arrêter de manger de ce plat ci pour passer à un autre ou bien de s’arrêter de manger. Ca, c’est ce qui se passe en général quand on mange pour satisfaire notre faim physiologique et que l’on est attentif aux sensations du plaisir gustatif car le plaisir des papilles, le plaisir que l’on ressent avec le gout des aliments, nous parle de nos besoins. Au fil des années, et des repas, nous avons constitué une sorte de bibliothèque dans laquelle les aliments vus et reconnus sont associés au moment de la digestion à une densité en énergie, à des apports en nutriments et vitamines, c’est à dire à une information nutritive.

confiture fleus de pissenli manger en pleine conscience méditation
Confiture de fleurs de pissenlit

C’est ainsi, qu’en remplissant nos assiettes, nous pouvons estimer la quantité idéale dont nous avons besoin à ce moment là et nous orienter alors vers des aliments qui contiennent les nutriments ou vitamines dont nous avons besoin. Au fur et à mesure du repas on ingère de l’énergie, les vitamines et minéraux nécessaires et le plaisir diminue naturellement car nous n’avons plus besoin d’être stimulés pour continuer à ingérer.

 

Je vous invite à faire l’expérience suivante ; en vous servant, demandez à votre corps quelle est la quantité idéale dont il a besoin maintenant. Servez-vous en conscience, quitte à vous resservir par la suite ou bien en laisser dans votre assiette, il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis.

Mais parfois « ça » s’emballe et on continue à manger sans faim, avec parfois la culpabilité au bout. … Je me permets ici quelques pistes d’explications, mais elles n’ont rien d’exhaustives.

Il se peut que le truc là-haut qu’on a entre les oreilles, n’a pas eu son compte d’informations, car notre conscience était trop peu portée sur les sensations de la bouche

Où donc était notre attention ?

Faisons un parallèle ; le matin si votre chéri.ie quitte la maison en vous adressant un vague « au revoir », est-ce que c’est la même chose que si vous vous embrassez ? Peut-être que pendant un temps on s’habitue. Et un jour, on craque !

cidre et lac
la pause

Autre piste qui pourrait expliquer pourquoi on ne s’arrête pas de manger alors que les besoins physiologiques ont été satisfaits : la recherche éternelle des frissons de la première bouchée et cette perte du plaisir qui est vécue comme une trahison de nos sens.

C’était si bon ! Comment accepter que cela diminue, comment faire le deuil du frisson ?

Là encore, c’est un peu comme une histoire d’amour, les premiers temps de la rencontre, ça papillonne dans le ventre à la moindre occasion, ça pétille derrière les yeux jour et nuit , et puis après … soit on transforme en apportant à la relation une attention particulière, en dirigeant notre désir vers de plus grandes aspirations … et les frissons que l’on croyait à leur maximum, deviennent des déferlantes, des feux ardents, des tremblements de terre, soit le deuil des premiers frissons est impossible et on rumine, on fulmine , ou bien on se remet en quête de nouveaux frissons ….

“Se nourrir est un besoin, savoir manger est un art”  Rabelais

Il semblerait aussi, selon notre tempérament, que nous soyons plus ou moins sensibles, voire accro à ces frissons.

Et la tentation de compenser le manque de sensation de la bouche par la quantité ingérée est courante et souvent source de souffrance. Comme en amour, dirigeons notre attention, aiguisons nos ressentis, orientons l’énergie de notre désir vers la recherche fine, curieuse et délicate d’un grand plaisir gustatif.

L’autre piste que je vous propose d’explorer, c’est la confusion que nous pouvons faire avec la sensation ressentie grace à la texture des aliments, du plaisir de la bouche remplie, pleine, qui apporte un soulagement, une détente émotionnelle. Il y a probablement là une stimulation importante de notre système parasympathique qui nous déclenche la détente.

Enfin, remplir sa bouche peut donner l’illusion de remplir des vides en nous que l’on peut croire sans fond.

Dernière réflexion issue de nombreux témoignages des participantes des programmes

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Faire des réserves

que j’anime : je me demande si les femmes n’ont pas une sorte d’instinct plus développé qui nous pousse à faire des réserves lorsque de la nourriture est à portée de main. Clairement, enceinte de 8 mois, il est difficile de courir après un lapin; d’où l’intérêt dans les temps anciens de faire des réserves et la nécessité aujourd’hui de s’écouter et de pouvoir observer « Pourquoi je mange ? » 

Voici beaucoup de pistes d’exploration que la pleine conscience nous permettra de démêler et d’éclairer, avec douceur et fermeté, comme toutes nos pratiques d’attention.

Le plaisir social :

2094_10377843_0.jpgAprès avoir évoqué le plaisir de nourrir la faim physiologique, et celui de nourrir nos sens, il y a le plaisir du partage avec ceux que l’on aime. C’est la communion versus consommation.

 

Continuons sur la voix du plaisir, celui que l’on peut ressentir comme une profonde satisfaction après un bon et agréable repas, le plaisir de digérer. C’est un plaisir d’ordre émotionnel. Parlons de satisfaction, de détente … Le cerveau se met au ralenti, (on dit ouff parfois) car une grande part de l’énergie est dirigée vers la digestion.

Le cycle Douleur, Désir, Action, Plaisir se termine par une sorte de calme … jusqu’à ce que ça recommence. Ce cycle me semble bien proche de celui que connaissent les animaux, pouvons-nous espérer quelque chose d’autre ? Car si je fais mes courses, cuisine, mange et si je goûte au plaisir avec mon cœur alors c’est la joie qui se déploie en moi et autour de moi.

Est-ce la recette pour passer du plaisir au bonheur ?

Et du bonheur à la gratitude, il n’y a peut-être qu’un pas ? Qu’en pensez-vous ?


Les inscriptions se poursuivent pour les 2 stages de cet été à Aix er Morlaix, les dates pour le programme de l’automne sur Paris seront bientôt en ligne. (La formation pour professionnelle à Paris à l’automne est complète.)


 

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géraldine

 

 

4 jours au bord de la mer, en Bretagne du 17 au 21 Mai 2023

Retraite Manger en Pleine Conscience & Méditation

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